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Le dernier des triplés

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En ce jour du 19 août 1945, ma mère a poireauté huit heures sous la verrière de la gare de l’Est. Elle était arrivée la veille de sa province, elle avait reçu un appel, un courrier, un truc provenant de l’hôtel Lutetia qui lui disait que son mari serait dans le train qui le ramènerait d’Allemagne.
Une histoire banale pour l’époque : nous étions à la fin des grandes vacances que le bon Hitler avait offertes dans son joli pays à deux millions de Français en échange de quelques petits services dans ses usines, ses fermes et autres routes… Échange de bons procédés. Les longues vacances sont parfois porteuses d’ennuis et le bon Führer, en homme avisé, avait compris que l’oisiveté peut être mère de tous les vices. Et qu’il se devait de distraire tous ces vacanciers pour ne pas qu’ils sombrassent dans un ennui qui pourrait les conduire à la longue sur les chemins de traverse de la pensée séditieuse. C’était, vingt ans avant, une vision avant-gardiste du Club Med.

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